De retour après trois semaines de congé de type marathon, je suis enfin pret à recommencer mes chroniques du n'importe quoi et je commence en grande. Une histoire digne de Gilles Boily et ça commence en France, le 9 janvier 2008.
Le 9 janvier 2008 fut la journée la plus longue de ma courte existence. Pas seulement en raison du décalage horaire qui me donna 6h de calvaire de plus en traversant l'atlantique d'est en ouest, mais aussi en raison de ce que j'ai dû subir à toutes les étapes de mon trajet.
Mon avion partait de Paris à 10h selon mon billet électronique. Pour rejoindre Paris à partir de Blois et arriver avec une avance suffisante pour m'enregistrer et passer la douane, je devais partir ce matin-là à 5h45. Réveil à 5h15, habillé, dents brossées, j'étais prêt. Arrivé à la gare avec mon amoureuse à 5h30, nous avons eu amplement de temps pour pleurer et s'aimer. Je dirais que les adieu les plus difficiles se font sur le quai d'une gare. Chacun de son côté de la vitre qui ne s'ouvre pas, nous envoyons la main alors que le train prend le plus tranquillement du monde son élan. Le trajet fut sans hitoires. J'ai pu dormir pendant deux heures bien étendu sur 4 bancs dans une cabine séparée du reste du monde. Arrivé à Paris à 7h20, j'enfile pour la première fois de la journée mon fardeau: 30 kilos de bagages répartis dans 2 sacs.
Impossible de courir avec 30 kilos sur le dos. Sur le quai de la gare, je me rends soudainement compte que j'ai oublié mon appareil photo numérique dans la cabine séparée du reste du monde. Je retourne donc dans le train avec mon 30 kilos, prends l'appareil, retourne sur le quai de la gare. 7h35: j'achète un billet de train qui fait la navette Paris - Aéroport. Premier problème, la gare d'où part ce train est à 15 minutes de l'endroit où je me trouve. Paris, le matin, c'est l'heure de pointe de 6h à 10h donc je me vois mal prendre le métro avec mes gros sacs. Je pris donc la décision de marcher en changeant la bandoulière de mon sac d'épaule de temps en temps pour réduire le mal qui m'élance dans le dos. 7h55: j'arrive enfin à la bonne gare, le dos en compote. Sur le quai, je réalise que la navette (qui arrivera à 8h10), est aussi bondée que le métro que je voulais tant éviter. Une fois à bord du train, aucune place pour s'asseoir. Sur la parois, au dessus d'un homme puant le camembert, je vois la carte du trajet et le temps entre chaque station. Le trajet prend 42 minutes. Debout, bagages sur le dos, je ne peux bouger au risque de marcher sur un pied ou imprimer le logo de mon sac sur le visage d'un vieillard.
Comme je l'ai spécifié plus tôt, mon avion part à 10h, donc le comptoir d'enregistrement ferme à 9h. Mon train part à 8h10 + 42 minutes de trajet, ça me laisse un jeu de 8 minutes pour courrir avec mon menhir sur le dos et m'enregistrer. Une chance que des chariots à bagages sont disponibles gratuitement et qu'il n'y avait pas beaucoup de monde dans le tunel reliant la petite gare à l'aéroport car j'aurais bien tué quelqu'un dans ma course folle. 6 minutes plus tard, j'arrive, à 8h58, devant le comptoir d'enregistrement Air Transat qui est totalement fermé. Malgré toute la sueur qui me coulait sur le corps en ce moment, j'ai pu sentir sans problème la goutte de sueur froide qui dévala mon front à cet instant précis où je pensais avoir raté mon avion. Je dis bien "je pensais", parce qu'un bon samaritain, remarquant mon teint livide et mon air paniqué, vint me faire remarquer le gros panneau indiquant que mon vol avait été retardé et qu'il partait à 12h45. Au moins, j'ai le temps de respirer et d'arrêter de suer. Je me serais bien changé de vêtements mais je me rappelle que je n'ai pas eu le temps de faire du lavage avant de partir. Tant pis, je serai puant en classe économique, comme à peu près tout le monde en classe économique...
Enregistrement à 10h30, j'ai 40 euros d'excédent de bagages à payer. Ma carte de crédit refuse de fonctionner pour cause de manque de fond. Tant pis, on m'enverra la facture par la poste avec des frais d'administrations. Je n'ai toujours pas mangé de la journée et je n'ai plus de fonds. Alors que je dépose mes sacs sur le tapis roulant, je vois mon bagage à main, toujours accroché à mon sac de voyage, qui part en me souriant vers la soute de l'avion, emportant avec lui des trucs à grignoter, une bouteille d'eau, mes bouchons pour les oreilles, un livre, un masque pour les yeux, mon ipod, tout ce qu'il m'aurait fallu pour passer un bon 7h30 de vol dans l'avion.
Mon premier contact avec la police douanière ce jour là fut rapide et violent. J'avais à peine mit le pied dans la ligne d'attente qu'un homme en habit d'armée, avec des bottes d'armée, un chapeau d'armée et un automatique très réaliste nous demandait de reculer en raison d'un colis suspect qui aurait été trouvé à 2 mètres de moi. Rien n'a explosé. Heureusement.
De l'autre côté de la douane, après avoir été fouillé et refouillé, tout le métal retiré de mes poches, retenant mon jean maintenant privé de sa ceinture (en métal), je me rhabille et je me dirige vers les toilettes pour laver la sueur avec le savon rose qui sent le rose.
12h30, je suis enfin assis dans l'avion, le ventre plus que vide, au bord de l'évanouissement. Je suis moralement et physiquement épuisé. Malheureusement, j'étais loin de me douter que ce n'était que le début de la journée la plus longue de ma vie...
Suite demain...
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