mercredi

Journée la plus longue (partie 2)

Bon... C'est vrai que ça m'a pris plus qu'une journée à fournir la suite de mon histoire. Que voulez-vous, je suis un créatif, il ne faut pas me presser, l'inspiration vient quand elle vient.

Où en étais-je? Ah oui! Enfin assis dans un magnifique airbus Air-Transat en direction de Québec-City! Je suis assis sur le bord de l'allée, l'endroit idéal pour passer un voyage infernal. Les personnes agées à la vessie peu profonde ont dû me faire lever 20 fois pour aller aux toilettes et elles ne voulaient pas changer de place avec moi. Chaque personne qui passait dans le couloir ne pouvait s'empêcher de me heurter le coude ou l'épaule en se faufilant vers les toilettes. Comme j'ai beaucoup de chance, c'est l'agente de bord avec le cul le plus massif qui n'est jamais été vu à bord d'un airbus qui sert dans ma rangée. À chaque service, son ample derrière ne pouvait faire autrement que de déborder sur les sièges au bord de l'allée. Rien ne semblait faciliter mon sommeil. Les enfants qui hurlaient dans la rangée voisine ont achevé le travail. À ce moment-là, le premier film commençait. J'aurais bien voulu l'écouter mais mes écouteurs de IPod sont dans la soute et je n'avais pas un sous pour en acheter d'autres. 7h30 à lire le catalogue de produits hors-taxe, c'est long. Heureusement que j'ai un peu l'âme d'un voleur et que j'ai pu me faufiler en première classe pour "emprunter" un journal à un passager qui dormait dans son gros fauteuil de cuir.

Après un atterrissage un peu mouvementé en raison des vents, j'ai pu finalement descendre de ce maudit airbus. La file pour la douane n'était heureusement pas très longue. J'ai donc rapidement pu me rendre au caroussel à bagages vide et attendre longtemps comme tous les autres passagers qui regardaient avec espoir le trou noir qui aurait déjà dû commencer à cracher des sacs et des valises. J'ai pu récupérer un de mes 2 sacs assez rapidement. Le second sac, celui qui était la cause de mes frais d'excédent de bagages, était apparement perdu avec un conteneur complet. Probablement qu'on aurait oublier de le charger à Paris. Après 1h de recherches, on nous dit que finalement c'était une erreur d'étiquetage et que nos bagages seront déchargés comme prévu au cours de la prochaine heure. Lorsque je récupérai le fameux sac, j'eut une envie bizarre de le lever au bout de mes bras pour le présenter au dieu soleil tellement j'étais heureux de pouvoir enfin m'en aller.

Dernier droit vers la sortie, je vois les portes du paradis, deux superbes portes coulissantes derrière lesquelles se trouve le territoire Canadien! À ce moment-ci de la journée, je ne fut même pas surpris d'être freiné dans mon élan par une agente des douanes qui me dit d'emprunter le petit couloir à ma droite au lieu de franchir les 3 pas me séparant du sol canadien. Résigné, je me dirigeai tête basse vers la fin de la file menant à la salle de fouille. Une personne à la fois, 15 à 20 minutes par personnes, on nous fouilla tous les 10...

J'ai passé le test du rayon X haut la main. Aucune arme à feu, aucun animal, aucune nourriture bactérienne, aucun vaccin et presque pas de bombes. Le test de la fouille fut tout une autre histoire. Le problème, c'est que ce deuxième sac, celui avec l'excédent de poids, celui en retard de deux heures au caroussel à bagages, ne m'appartient pas vraiment. C'est un sac que ma copine française, en voie de déménager au Québec, m'a rempli de choses farfelues et inutiles qu'elle voulait retrouver à son arrivée dans la belle province. Bizarrement, les douanier n'aiment pas qu'on leur réponde "Aucune idée..." à la question: "Qu'y a-t-il dans ce sac monsieur?". À partir de ce moment crucial, j'ai arrêté d'y croire. Je n'étais même plus certain si j'allais un jour revoir mon appartement. Avec la journée que j'avais, j'étais certain qu'un kilo de cocaïne se trouvait dans ce sac. Peut-être même deux.

J'avoue que je comprends un peu les questions telles que : "Pourquoi voyagez-vous avec des fourchettes à fondue?". Une chance encore que j'ai eu le réflexe de mentir sinon on m'aurait taxé tout ça! Donc moi, comme un cave, je répondais des trucs du genre: "Ben parce que j'aime vraiment ça la fondue. C'est bon de la fondue tout le monde aime ça non? Est-ce un crime que d'aimer la fondue?". Une chance pour moi, cette stratégie semble payante avec les douaniers puisque quand ils se sont rendus compte que je ne coopérerait pas plus que ça, ils ont fini la fouille, m'ont fouillé au corps et m'ont laissé partir. Contrairement à la légende urbaine, ils refont les bagages eux-mêmes.

La suite est assez simple: taxi - appartement - douche - bouffe - dodo.

Temps total du voyage Blois - Québec: 21h

Le pire dans tout ça, c'est que même si tout s'était bien passé, avec le décalage inverse, j'aurais quand même vécu une journée de 30h comme tout le monde à bord de cet avion. Dans un cas comme dans l'autre, j'étais condamné d'avance à vivre la journée la plus longue.