lundi

Overkill

Je travaille à un endroit ou pratiquement tout fonctionne avec des détecteurs de mouvement. Au début, j'étais émerveillé par le côté pratique de ne pas avoir à chercher l'interrupteur pour allumer la lumière de la salle de repos. Automatiquement, lorsqu'on pose un pied à l'intérieur, les lumières s'allument et elles s'éteignent lorsqu'on sort.

C'est au début du premier jour que je me suis rendu compte de l'absurdité de ces petits gadget lorsqu'on les utilise aux mauvais endroits.

J'ai eu le malheur d'aller aux toilettes.

Premier pas dans la salle de bain, la lumière s'allume en raison du détecteur de mouvement près de la porte. Alors que j'abaisse mon pantalon pour m'affairer à mon odorante besogne, je me rends compte que tout est géré en fonction du mouvement dans cette petite pièce aux murs garnis de tuiles blanches. C'est tout juste si la flush de la cuvette ne réagit pas aux mouvements de mes intestins.

Premier problème après 5 minutes. Je me rends compte que je dois chier de façon absolument immobile puisque la lumière vient de s'éteindre. J'agite les bras mais je réalise que le détecteur se trouve devant la porte qui est loin vers la gauche. Tant pis, je peux faire ce que j'ai à faire dans le noir. L'obscurité me fait réaliser que lorsqu'un de mes sens s'arrête, les autres sont plus fort. La clarté sentait meilleur. Je me lève donc une première fois pour aller redéclancher, le pantalon aux chevilles, le détecteur de mouvement de la lumière.

La lumière n'ayant pas réglé le problème d'odeur, je me dis qu'il est temps d'une "flush de courtoisie". J'ai beau chercher, aucun bouton ou levier ne dépasse du mur ou de la cuvette. Seul un petit oeil rouge me regarde le dos pendant que je trône tranquillement. Je me lève donc une deuxième fois pour tromper la machine et lui faire croire que j'ai fini.

Après quelques autres bonnes minutes, j'ai enfin terminé. Il ne me reste plus qu'à remballer tout ça et à retourner au travail. En passant ma main sous le détecteur de mouvement du papier cul, je réalise qu'il doit être défectueux car rien ne sort. Je vois le rouleau plein sous la vitre verrouillée (pour que personne ne puisse le voler) qui me nargue et me fait presque un clin d'oeil. Je me lève une troisième fois pour passer les mains sous le distributeur de papier à main qui lui fonctionne. C'est moins délicat du papier à main mais ça vaut mieux qu'une main sans papier.

Debout devant l'évier, j'ai l'air con à me balancer de gauche à droite pour faire réagir le robinet automatique qui ne fonctionne pas comme tous les robinets automatiques. C'est le mouvement devant qui l'active et non les mains dessous. Le savon aussi était automatique et en bougeant devant l'évier j'ai fait une belle flaque de savon rose sur le comptoir. Tant pis. Je croise le concierge en sortant et je lui fait un clin d'oeil magique.

Vivement le temps où on chiait dans un trou!

Ne finissez pas célibataire

La gent téminine. Si convoitée et si compliquée. Je vous offre ici une petite parcelle d'expérience pour savoir ce que vous pouvez espérer attrapper ce soir au meat-market du coin.

L'essentiel: savoir ce qu'elle veut. À partir du moment où on s'entend sur ce qu'elles espèrent attrapper au même meat-market, il devient facile de savoir dans quelle catégorie vous vous trouvez et donc de frapper dans le mille à tout coup.

18 à 23 ans: L'ARGENT
Elles essaient de se convaincre qu'elles cherchent l'amour mais elles ne trompent personne avec leurs goûts de luxe. Voiture sport et/ou modifiée, attitude que je ne possède plus, vêtements hip et langage hop, si tu as un peu de tout ça tu peux espérer coucher avec du 18-23.

24-29 ans: LE SEXE
Elles essaient de se convaincre qu'elles cherchent l'amour (comme avant quoi) mais elles ne trompent personne même 5 ans plus tard. Dans leur prime jeunesse, averties des dangers et des bienfaits du sexe, elles sont encore certaines qu'elles ne finiront pas leurs jours célibataires donc pourquoi se presser? La promesse du bon sexe devrait suffire à les attirer. Apprenez à vous déhancher et à danser avec le bassin sans avoir l'air de Shakira avec du poil et vous pouvez espérer coucher avec du 24-29.

29-35 : N'IMPORTE QUOI
Elles essaient de se convaincre qu'elles cherchent l'amour (comme toujours) mais maintenant elles n'ont plus le luxe de choisir. Le ventre commence à sortir, les seins commencent à tomber, il est grand temps de se caser. Un gars sympatique ou un peu beau ou un peu drôle et intéressé peut espérer coucher avec du 29-35.

35+: UN BÉBÉ
Elles essaient de se convaincre qu'elles cherchent l'amour (existe-t-il?) mais tout ce qu'elles veulent c'est un géniteur. À moins qu'elle n'ait déjà un bébé. Dans ce cas, se référer au paragraphe 24-29 pour savoir ce qu'elles veulent. Sinon, ayez l'air stable et génétiquement potable et vous pouvez espérer coucher avec du 35+. Ou encore mieux, montrez-lui une photo de vous avec un enfant en train de jouer ou rire.

Bonne nuit et ne dormez pas seuls. Rendez-moi fier.

vendredi

Obama vs les mathématiques

Statistiquement, les chances sont du côté d’Obama quand on regarde les assassinats purs et durs. 4 présidents / 43 d’assassinés ça lui donne quand même 90% des chances de rester en vie durant son mandat.

Si on ajoute à ça les tentatives d’assassinat on arrive à un résultat de 66% de chances d’être tranquille pour 4 ans.

Tout ça pourrait nous laisser dire qu’il a plus de chances d’être tranquille que d’être assassiné mais c’est là qu’on se rend compte que les statistiques n’ont que peu de valeur dans certains cas:

Depuis le dernier assassinat réussi sur un président américain (JFK, 1963), un seul président n’a pas été victime d’une tentative d’assassinat (Lyndon Johnson, le successeur de JFK). Certains en ont eu même plusieurs (Ford et Reagan). La dernière tentative d’assassinat datant de 2005 en Georgie, europe de l’est, où une grenade a été lancé vers GW Bush. Par chance pour la foule dans laquelle elle est tombée, le mécanisme de détonation était défectueux.

Bonne chance Obama.

dimanche

La météo

Je ne me rappelle pas de la dernière fois où j'ai passé la journée entière sans parler de la météo ou du temps qu'il fait.

Je crois qu'au Québec, une conversation n'est pas complète si on ne mentionne pas le temps qu'il fait au moins une fois. C'est vrai qu'ici on est un peu l'esclave des sauts d'humeur de dame nature. On dirait qu'elle est sans cesse en période de surplus hormonal (PSH ou SPM dans une autre langue...).

Ce serait tellement plus simple de vivre dans un climat comme le Maroc par exemple (toujours sec et chaud). On ne se casserait pas la tête à toujours faire deux plans, un plan A et un plan M pour mauvais temps. Ou même un climat comme celui de Bruxelle, peu importe le temps de l'année, il pleut. Encore là, pas de surprise, tu peux prévoir ton plan A en étant certain qu'il va pleuvoir cette journée-là.

Ici, c'est un coup de dé. La météo annonce 60% pour samedi... tu peux aller golfer mais il y a de grandes chances que les trous 8 à 18 se passent sous la pluie... ou pas. L'incertitude, c'est ce qui nous tue. En même temps, c'est ce qui nous rend plus fort et plus apte aux changements. On développe notre système D. On golfe avec des parapluies et des gants de pluies. On bouge le barbecue sous le toit de la gallerie. On s'adapte.

Maintenant que j'ai parlé de météo, mon blogue devient un vrai blogue de conversation québécoise. D'ailleurs, j'écrirai peut-être là-dessus, l'art de la conversation, dans mon prochain post... si la météo est favorable!

mercredi

Retour en force

J'utilise un petit outil appelé SiteMeter. L'inscription est gratuite et à toutes les semaines je reçois le rapport détaillé de combien d'internautes ont visité mon site. J'avoue que je suis surpris de voir que chaque semaine quelques 60 personnes se branchent à mon blog qui tombe en ruine pour venir vérifier si ma plume s'est remise à couler.

J'aimerais râler ce soir.

Je vais donc prendre un sujet qui commence à peine à être trop vieux pour qu'on en parle: la fermeture de la salle de nouvelle de TQS à Québec.

J’avoue que je suis de ceux qui ne s’attristent pas de savoir qu’on aura plus de bulletin du chien écrasé à la télé de TQS à Québec. Ce qui m’attriste par contre, c’est que ce sera vraisemblablement remplacé par d’autres infos toutes aussi régionales: celles de Montréal. C'est à dire que l'habitant de Fermont sera tout aussi informé de ce qui se passe à Montréal que le Montréaleux moyen! N'oublions pas que pour le Fermontois moyen, le trou du cul du monde, l'endroit dont il se fout royalement, c'est Montréal et pas Fermont!

“Un 7e meurtre cette année sur le territoire de la CUM…”, “L’incendie de la rue Caouette a fait rage toute la nuit…”, “Cette mère monoparentale et ses 8 enfants font encore face cette année à la crise du logement…”, “… accusé d’agressions sexuelles sur ses deux filles de 8 et 12 ans… “, etc.

Des informations d’une région différente avec le même esprit sensationnaliste. Au lieu des chiens écrasés on va maintenant avoir droit à la version urbaine du même genre de journalisme qui a mené cette chaîne au déficit. Parce que ce qui est payant pour une chaîne, c'est les scoops. Les enquêtes en profondeur qui révèlent les magouilles du président de l'usine qui vole ses employés. Les enquêtes qui nous montre qu'une firme a falsifié ses résultat dans son étude sur le côté cancérigène des cigarettes. Ça c'est payant parce que ça attire du client. Pas le copier-coller du fil de presse que tout le monde reçoit dans sa salle de nouvelle.

Le grand malheur là-dedans c’est que les bureaux régionaux d’information avaient une utilité évidente. Regardez ce que ça donne quand on veut centralisé l’information avec le Journal de Québec, copie conforme du Journal de Montréal. Lors de l’incendie du manège militaire à Québec, tous les journaux locaux affichaient des photos du brasier le lendemain de l’incendie, sauf pour le JdQ qui nous proposait cette une : “Les québécois sont-ils malheureux? Une enquête sur le bonheur.”

Cette fois-là ils ont manqué leur coup pas à peu près! Le même résultat sera sûrement vérifiable dans le cas de TQS. On aura les nouvelles importantes de la vieille capitale avec 12h de retard. Les nouvelles du Saguenay devront attendre deux jours avant de se rendre en calèche dans le nombril du monde québécois.

En plus, j’ai plein d’amis qui ont étudié à Jonquière et qui sont maintenant stressés pour leurs emplois parce que des journalistes d’expériences sont maintenant sur le marché de la recherche d’emploi. En même temps, je peux comprendre que TQS fasse plus d’argent avec une émission d’une demi-heure présentant des vidéos d’inconnus qui tombent sur le cul avec une narration pas drôle du moins drôle de RBO.

Bon, fini le râlage, je vais me coucher.

vendredi

Ça fait longtemps

Tu sais que ça fait longtemps que t'as pas bloggué quand l'adresse de ton site se complète pas automatiquement dans la barre d'adresse quand tu commence à l'écrire...

De toute façon, mes soirées ne sont plus plates.

Laissez-moi télécharger

Les studios d'Hollywood sont en train de répéter les erreurs de l'industrie de la musique en ce qui concerne les politiques anti-piratage sur internet. Comme l'industrie de la musique, ils sont condamnés à rencontrer un gros mur de béton.

Imaginez la situation: vous êtes dans une soirée plate et vous décidez de vous taper toutes les saisons de Nip Tuck. Il est minuit et vous êtes à la fin de la saison 3. Vous savez que la 4e saison est sortie en DVD mais elle n'est pas encore disponible chez Future Shop ou au club vidéo (il faut qu'elle soit doublée d'abord). Vous pourriez la commander sur NetFlix mais ça voudrait dire 3 à 4 jours de délais par la poste et vous la voulez maintenant. iTunes, Amazon Unbox, NetFlix Instant, pas disponible. La seule option possible: BitTorrent.

Il y a quelques années, le même phénomène s'est produit avec le MP3. Le format digital offrait des possibilités incroyables pour l'industrie musicale mais les producteurs ne voyaient que le piratage. Ils ont donc tout fait pour que la musique ne se retrouve pas sur internet au lieu de se servir de ce média pour faire des profits. Après quelques années, finalement, ils ont accordé des droits de vente à Apple pour le iTune Music Store mais les fichiers n'étaient lisible que sur un seul ordinateur et sur un seul iPod en raison d'un logiciel caché dans le fichier. Cette pratique, complètement contraire à la philosophie du digital et de l'internet (anything, anywhere, anytime), eut pour cause la création de milliers de mini-pirates qui ne faisaient rien d'autre que de profiter d'un service d'écoute de musique gratuit: kazaa, emule et autres. Par la suite, au lieu de corriger le tir, les maisons de disque se sont engagés des avocats et ont commencé à poursuivre en justice leurs clients. Aujourd'hui, presque 10 ans plus tard, ils font marche arrière et veulent retirer les logiciels cachés des fichiers de musique. Trop peu trop tard. Un seul gagnant dans l'histoire: Apple, qui s'est mérité la quasi-exclusivité dans le domaine des téléchargements légaux.

Regardons un peu les options disponibles en ce qui concerne la télévision et les films: location de films sur iTunes, achat et location sur Amazon, locations sur NetFlix et bientôt Comcast (sans oublier TiVos, Apple TV, Vudus et Joost qui offrent du contenu pour la télé). Avec le cable, l' ADSL et la fibre optique, nos réseaux sont capables de supporter la vitesse et le poids de tels téléchargements. Nous ne devrions plus avoir besoin de sortir au club vidéo ou d'attendre le paquet d'Amazon ou Netflix par la poste. Pourtant, c'est loin d'être le cas.

Concernant les options de téléchargement légaux, seulement 5000 films sont disponible sur Amazon, 1000 sur iTunes et moins de 6000 sur Netflix, nous sommes loin des 90 000 DVD disponibles aujourd'hui. Tout cela parce que Hollywood protège les ventes de DVD en limitant les droits de téléchargement. Ils sont en train d'essayer de nager à contre-courant dans les chutes Niagara. Pour stopper le piratage il suffit simplement de rendre tout disponible, facilement, rapidement et à un prix raisonnable. En attendant que cela se produise je vous dit: Bon piratage!

Librement traduit de WIRED - Mars 2008

mercredi

Journée la plus longue (partie 2)

Bon... C'est vrai que ça m'a pris plus qu'une journée à fournir la suite de mon histoire. Que voulez-vous, je suis un créatif, il ne faut pas me presser, l'inspiration vient quand elle vient.

Où en étais-je? Ah oui! Enfin assis dans un magnifique airbus Air-Transat en direction de Québec-City! Je suis assis sur le bord de l'allée, l'endroit idéal pour passer un voyage infernal. Les personnes agées à la vessie peu profonde ont dû me faire lever 20 fois pour aller aux toilettes et elles ne voulaient pas changer de place avec moi. Chaque personne qui passait dans le couloir ne pouvait s'empêcher de me heurter le coude ou l'épaule en se faufilant vers les toilettes. Comme j'ai beaucoup de chance, c'est l'agente de bord avec le cul le plus massif qui n'est jamais été vu à bord d'un airbus qui sert dans ma rangée. À chaque service, son ample derrière ne pouvait faire autrement que de déborder sur les sièges au bord de l'allée. Rien ne semblait faciliter mon sommeil. Les enfants qui hurlaient dans la rangée voisine ont achevé le travail. À ce moment-là, le premier film commençait. J'aurais bien voulu l'écouter mais mes écouteurs de IPod sont dans la soute et je n'avais pas un sous pour en acheter d'autres. 7h30 à lire le catalogue de produits hors-taxe, c'est long. Heureusement que j'ai un peu l'âme d'un voleur et que j'ai pu me faufiler en première classe pour "emprunter" un journal à un passager qui dormait dans son gros fauteuil de cuir.

Après un atterrissage un peu mouvementé en raison des vents, j'ai pu finalement descendre de ce maudit airbus. La file pour la douane n'était heureusement pas très longue. J'ai donc rapidement pu me rendre au caroussel à bagages vide et attendre longtemps comme tous les autres passagers qui regardaient avec espoir le trou noir qui aurait déjà dû commencer à cracher des sacs et des valises. J'ai pu récupérer un de mes 2 sacs assez rapidement. Le second sac, celui qui était la cause de mes frais d'excédent de bagages, était apparement perdu avec un conteneur complet. Probablement qu'on aurait oublier de le charger à Paris. Après 1h de recherches, on nous dit que finalement c'était une erreur d'étiquetage et que nos bagages seront déchargés comme prévu au cours de la prochaine heure. Lorsque je récupérai le fameux sac, j'eut une envie bizarre de le lever au bout de mes bras pour le présenter au dieu soleil tellement j'étais heureux de pouvoir enfin m'en aller.

Dernier droit vers la sortie, je vois les portes du paradis, deux superbes portes coulissantes derrière lesquelles se trouve le territoire Canadien! À ce moment-ci de la journée, je ne fut même pas surpris d'être freiné dans mon élan par une agente des douanes qui me dit d'emprunter le petit couloir à ma droite au lieu de franchir les 3 pas me séparant du sol canadien. Résigné, je me dirigeai tête basse vers la fin de la file menant à la salle de fouille. Une personne à la fois, 15 à 20 minutes par personnes, on nous fouilla tous les 10...

J'ai passé le test du rayon X haut la main. Aucune arme à feu, aucun animal, aucune nourriture bactérienne, aucun vaccin et presque pas de bombes. Le test de la fouille fut tout une autre histoire. Le problème, c'est que ce deuxième sac, celui avec l'excédent de poids, celui en retard de deux heures au caroussel à bagages, ne m'appartient pas vraiment. C'est un sac que ma copine française, en voie de déménager au Québec, m'a rempli de choses farfelues et inutiles qu'elle voulait retrouver à son arrivée dans la belle province. Bizarrement, les douanier n'aiment pas qu'on leur réponde "Aucune idée..." à la question: "Qu'y a-t-il dans ce sac monsieur?". À partir de ce moment crucial, j'ai arrêté d'y croire. Je n'étais même plus certain si j'allais un jour revoir mon appartement. Avec la journée que j'avais, j'étais certain qu'un kilo de cocaïne se trouvait dans ce sac. Peut-être même deux.

J'avoue que je comprends un peu les questions telles que : "Pourquoi voyagez-vous avec des fourchettes à fondue?". Une chance encore que j'ai eu le réflexe de mentir sinon on m'aurait taxé tout ça! Donc moi, comme un cave, je répondais des trucs du genre: "Ben parce que j'aime vraiment ça la fondue. C'est bon de la fondue tout le monde aime ça non? Est-ce un crime que d'aimer la fondue?". Une chance pour moi, cette stratégie semble payante avec les douaniers puisque quand ils se sont rendus compte que je ne coopérerait pas plus que ça, ils ont fini la fouille, m'ont fouillé au corps et m'ont laissé partir. Contrairement à la légende urbaine, ils refont les bagages eux-mêmes.

La suite est assez simple: taxi - appartement - douche - bouffe - dodo.

Temps total du voyage Blois - Québec: 21h

Le pire dans tout ça, c'est que même si tout s'était bien passé, avec le décalage inverse, j'aurais quand même vécu une journée de 30h comme tout le monde à bord de cet avion. Dans un cas comme dans l'autre, j'étais condamné d'avance à vivre la journée la plus longue.

mardi

La journée la plus longue

De retour après trois semaines de congé de type marathon, je suis enfin pret à recommencer mes chroniques du n'importe quoi et je commence en grande. Une histoire digne de Gilles Boily et ça commence en France, le 9 janvier 2008.

Le 9 janvier 2008 fut la journée la plus longue de ma courte existence. Pas seulement en raison du décalage horaire qui me donna 6h de calvaire de plus en traversant l'atlantique d'est en ouest, mais aussi en raison de ce que j'ai dû subir à toutes les étapes de mon trajet.

Mon avion partait de Paris à 10h selon mon billet électronique. Pour rejoindre Paris à partir de Blois et arriver avec une avance suffisante pour m'enregistrer et passer la douane, je devais partir ce matin-là à 5h45. Réveil à 5h15, habillé, dents brossées, j'étais prêt. Arrivé à la gare avec mon amoureuse à 5h30, nous avons eu amplement de temps pour pleurer et s'aimer. Je dirais que les adieu les plus difficiles se font sur le quai d'une gare. Chacun de son côté de la vitre qui ne s'ouvre pas, nous envoyons la main alors que le train prend le plus tranquillement du monde son élan. Le trajet fut sans hitoires. J'ai pu dormir pendant deux heures bien étendu sur 4 bancs dans une cabine séparée du reste du monde. Arrivé à Paris à 7h20, j'enfile pour la première fois de la journée mon fardeau: 30 kilos de bagages répartis dans 2 sacs.

Impossible de courir avec 30 kilos sur le dos. Sur le quai de la gare, je me rends soudainement compte que j'ai oublié mon appareil photo numérique dans la cabine séparée du reste du monde. Je retourne donc dans le train avec mon 30 kilos, prends l'appareil, retourne sur le quai de la gare. 7h35: j'achète un billet de train qui fait la navette Paris - Aéroport. Premier problème, la gare d'où part ce train est à 15 minutes de l'endroit où je me trouve. Paris, le matin, c'est l'heure de pointe de 6h à 10h donc je me vois mal prendre le métro avec mes gros sacs. Je pris donc la décision de marcher en changeant la bandoulière de mon sac d'épaule de temps en temps pour réduire le mal qui m'élance dans le dos. 7h55: j'arrive enfin à la bonne gare, le dos en compote. Sur le quai, je réalise que la navette (qui arrivera à 8h10), est aussi bondée que le métro que je voulais tant éviter. Une fois à bord du train, aucune place pour s'asseoir. Sur la parois, au dessus d'un homme puant le camembert, je vois la carte du trajet et le temps entre chaque station. Le trajet prend 42 minutes. Debout, bagages sur le dos, je ne peux bouger au risque de marcher sur un pied ou imprimer le logo de mon sac sur le visage d'un vieillard.

Comme je l'ai spécifié plus tôt, mon avion part à 10h, donc le comptoir d'enregistrement ferme à 9h. Mon train part à 8h10 + 42 minutes de trajet, ça me laisse un jeu de 8 minutes pour courrir avec mon menhir sur le dos et m'enregistrer. Une chance que des chariots à bagages sont disponibles gratuitement et qu'il n'y avait pas beaucoup de monde dans le tunel reliant la petite gare à l'aéroport car j'aurais bien tué quelqu'un dans ma course folle. 6 minutes plus tard, j'arrive, à 8h58, devant le comptoir d'enregistrement Air Transat qui est totalement fermé. Malgré toute la sueur qui me coulait sur le corps en ce moment, j'ai pu sentir sans problème la goutte de sueur froide qui dévala mon front à cet instant précis où je pensais avoir raté mon avion. Je dis bien "je pensais", parce qu'un bon samaritain, remarquant mon teint livide et mon air paniqué, vint me faire remarquer le gros panneau indiquant que mon vol avait été retardé et qu'il partait à 12h45. Au moins, j'ai le temps de respirer et d'arrêter de suer. Je me serais bien changé de vêtements mais je me rappelle que je n'ai pas eu le temps de faire du lavage avant de partir. Tant pis, je serai puant en classe économique, comme à peu près tout le monde en classe économique...

Enregistrement à 10h30, j'ai 40 euros d'excédent de bagages à payer. Ma carte de crédit refuse de fonctionner pour cause de manque de fond. Tant pis, on m'enverra la facture par la poste avec des frais d'administrations. Je n'ai toujours pas mangé de la journée et je n'ai plus de fonds. Alors que je dépose mes sacs sur le tapis roulant, je vois mon bagage à main, toujours accroché à mon sac de voyage, qui part en me souriant vers la soute de l'avion, emportant avec lui des trucs à grignoter, une bouteille d'eau, mes bouchons pour les oreilles, un livre, un masque pour les yeux, mon ipod, tout ce qu'il m'aurait fallu pour passer un bon 7h30 de vol dans l'avion.

Mon premier contact avec la police douanière ce jour là fut rapide et violent. J'avais à peine mit le pied dans la ligne d'attente qu'un homme en habit d'armée, avec des bottes d'armée, un chapeau d'armée et un automatique très réaliste nous demandait de reculer en raison d'un colis suspect qui aurait été trouvé à 2 mètres de moi. Rien n'a explosé. Heureusement.

De l'autre côté de la douane, après avoir été fouillé et refouillé, tout le métal retiré de mes poches, retenant mon jean maintenant privé de sa ceinture (en métal), je me rhabille et je me dirige vers les toilettes pour laver la sueur avec le savon rose qui sent le rose.

12h30, je suis enfin assis dans l'avion, le ventre plus que vide, au bord de l'évanouissement. Je suis moralement et physiquement épuisé. Malheureusement, j'étais loin de me douter que ce n'était que le début de la journée la plus longue de ma vie...

Suite demain...